Nous le disions, il n'existe qu'un seul exemplaire de cette merveille. Mais ça ne veut pas dire que nous la considérions d'emblée comme exceptionnelle. Au contraire même, nous avons d'abord regardé ce cadeau de Zagato pour les 10 ans d'Aston Martin avec une certaine suspicion.

Car le fait est qu'elle ne ressemble pas à tout ce qu'on associe à Aston Martin. Ce n'est pas une automobile qui provoque des crises de tachycardie dès qu'on la voit en photo. Elle est en marge. Voilà pourquoi nous partions pour notre rendez-vous à Milan avec quelques doutes à l'esprit.

Toit bosselé

Oui, Milan. Pas Newport Pagnell, lieu du QG traditionnel d'Aston. C'est à Milan qu'est installée la célèbre Carrozzeria Zagato, qui a tissé depuis longtemps des liens particuliers avec la marque britannique. "Depuis les années 60 pour être précis", nous dit Andrea Zagato, petit-fils du fondateur Ugo Zagato. Des liens qui ont donné naissance à des légendes comme la DB4 GT Zagato ou la Vantage Zagato. Andrea Zagato a à nouveau resserré les liens entre les deux entreprises et a, avec l'Aston Martin V12 Zagato au si caractéristique toit "à bulles" et produite à 150 exemplaires, fait forte impression.

"Ceci, c'est tout autre chose", poursuit-il. "La DBS Coupé Zagato Centennial est notre cadeau à Aston Martin pour leur centième anniversaire. C'est aussi une subtile suggestion de notre part d'une orientation que pourrait prendre le futur très haut de gamme de la marque". Là, Zagato marque un point: rangez toute la gamme Aston côte à côte, et vous aurez du mal à trouver sept différences. On pourrait pourtant imaginer que le client qui s'offre une DB9 ou une DBS voudrait se différentier d'un client Vantage, non?

Kensington Gardens

C'est aussi ce qu'a dû se dire ce japonais de 38 ans, magnat de la mode et accessoirement collectionneur d'Aston Martin, lorsqu'il s'est adressé à Zagato pour demander une DBS unique. Une voiture dont il serait le seul à jouir. Norihiko Harada, le chef du design de Zagato, japonais lui aussi, a travaillé 6 mois à la transformation de la DBS. "En principe, on communique directement à Aston Martin la direction que nous prenons", explique Andrea Zagato. "Cette fois, nous leur avons demandé de faire une exception. Jusqu'à ce que nous dévoilions la voiture à l'été 2013, lors de la fête des 100 ans d'Aston tenue à Kensington Gardens, aucun membre de la marque n'avait vu la voiture. Nous en avions discuté longtemps avant avec Ulrich Bez, CEO sortant d'Aston Martin, et il nous avait dit qu'en vertu de la confiance mutuelle établie de longue date entre nos deux maisons, une place d'honneur nous serait réservée à Kensington."

Et dès qu'on aperçoit la voiture, on se dit que ce n'était que justice. La calandre est un hommage aux Aston des années 80 mais pour le reste, c'est une interprétation parfaitement contemporaine de ce que pourrait être une Aston Martin super luxueuse moderne. Le bleu qui domine l'habitacle s'accordera à merveille avec les néons des nuits de Tokyo. Mais la voiture n'en perd pas pour autant son caractère de Britannique statutaire, qui considère le monde entier comme une colonie. Ceci est une impérialiste, fière de l'être.

Hypnose

Avec son V12 6.0 de 510 ch, elle ne diffère en rien, mécaniquement, de la DBS normale. Mais l'expérience vécue à bord est par contre très différente. Cette DBS de Zagato vous hypnotise. Assis dans cet intérieur bleu, on se surprend à caresser l'aluminium de la console central. Avec la satisfaction de savoir que personne d'autre que vous ne verra jamais ces lettres formant le nom Zagato. Plus que n'importe quelle voiture unique que nous ayons eu la chance d'approcher, celle-ci nous donne envie que la route ne s'arrête jamais. Bien sûr il faut que toutes les bonnes conditions soient réunies mais quand c'est le cas, le plaisir est décuplé.

Tout ce plaisir a un prix: 1,4 millions d'Euros. Mais on a la certitude que sa valeur n'ira que vers le haut. Quel autre propriétaire de DBS peut en dire autant?